L'Espagne : premier dépaysement
- tracetonrayon
- 30 nov. 2021
- 4 min de lecture
Après notre dernière étape avant l'Espagne, nous pensions pouvoir goûter à l'hospitalité d'Oiartzun, que Guillaume avait déjà expérimenté. D'autant plus que la ville est jumelée avec Carhaix, d'où Marit est originaire. Malheureusement, la mairie était fermée, et personne aux alentours pour s'attarder sur notre drapeau breton. Pas le choix, vu l'heure, nous sommes contraints de prendre un hôtel.
Du mauvais temps est annoncé sur le pays Basque pour les prochains jours. Pas de chance pour nous, nous décidons de prendre le train vers Vitoria-Gasteiz pour éviter de nous retrouver à rouler sous les trombes d'eau. On y rencontre Pierre, chez qui nous passons la soirée et qui nous démotive pour notre tour au Portugal à cette période de l'année. Nous décidons d'écourter le tour en Espagne et de nous rediriger vers la Méditerranée en espérant y trouver un temps plus clément. Notre itinéraire nous fait alors passer par dessous les Pyrénées.
Les routes en Espagne ne sont pas aussi nombreuses qu'en France, on n'a souvent le choix qu'entre l'autoroute ou la voie nationale. Nos craintes d'emprunter des routes fréquentées s'estompent rapidement : il y a sur ces routes de grosses bandes de sécurité sur lesquelles nous pouvons rouler en toute sérénité. De plus, les Espagnols préfèrent souvent l'autoroute, et puis nous traversons des endroits peu habités : nous sommes tranquilles ! Par moments, nous suivons le chemin de Saint Jacques de Compostelle et croisons quelques pèlerins. Dans ces endroits reculés, il est difficile pour nous de trouver l'hébergement, et nous faisons beaucoup de bivouac, bien que les nuits commencent à être fraîches.
Sur notre route, avant de traverser Logroño, capitale du vin en Espagne, nous croisons Joseph, voyageur à vélo allemand, qui fait route vers le Portugal avant de s'envoler vers l'Argentine. C'est notre première rencontre avec un voyageur comme nous, ça nous fait plaisir. Après Logroño, nous arrivons au désert de Bardenas : quel dépaysement ! On se croirait dans le Far West, avec ces massifs rouges, le sable, le peu de végétation, les vautours et le vent (de dos, heureusement) ! Nous apercevons même les brindilles qui roulent avec le vent, exactement comme dans les films de Western ! C'est d'ailleurs le décor de beaucoup de "Western Spaghetti". Nous y apercevons également de gros élevages, et par gros élevages, imaginez des centaines de taureaux parqués dans des enclos sans herbe, et au moins le double en nombre de niches à veaux. C'est autre chose que les "gros élevages" français. Certaines parties du désert, à l'Est de Saragosse notamment, sont complètement dépeuplées, avec des villages abandonnés. Nous ne pensions pas en rencontrer en Europe.

Après notre traversée du désert, nous arrivons dans le pays Catalan, et que dire de l'accueil que nous ont réservé ses habitants ! En nous trompant d'adresse, nous sommes invités à un repas de famille avec des personnes très sympathiques. Nous ne nous rendons compte que nous sommes au mauvais endroit que 2 heures après notre arrivée. Ils nous laissent leur adresse à Tossa de Mar, où nous passerons les revoir. A l'adresse où nous avions réellement RDV, notre hôte avait tout laissé ouvert pour que l'on fasse comme chez nous sans même qu'il soit présent. Le lendemain, nous sommes encore accueillis dans une famille également très sympathique, qui nous prépare un bon repas avec les spécialités de la région.
Arrivés à Barcelone, nous prenons 2 jours de repos pour visiter, faire une lessive, et même rechausser les baskets pour un petit footing (non sans difficultés). En sortant de la ville, nous roulons sur une route très fréquentée par les cyclistes, nous en croisons une bonne centaine. Pour arriver le lundi chez les personnes que nous avions rencontré quelques jours plus tôt, nous prenons un détour par Gérone au lieu de passer une nuit supplémentaire (coûteuse) à Barcelone. Nous avons beaucoup aimé, c'est une très belle ville. Après notre halte à Tossa de Mar, nous longeons la côte vers Sant Feliu de Guíxols. Magnifique, mais c'est une succession de montées et de descentes, ça se mérite !
Nos deux dernières étapes espagnoles seront marquées par le fort vent de face. C'était vraiment dur d'avancer. Plus ça va, plus on voit les Pyrénées, on se rapproche de notre objectif, en espérant que de l'autre côté, ça souffle moins. Pour rajouter de la difficulté, Marit s'est ouvert le doigt à cause d'une branche de canne que Guillaume avait accroché dans sa sacoche en roulant, et qui a fait boomerang sur Marit juste derrière. C'est embêtant, car c'est profond et ça saigne beaucoup. Nous avons notre trousse à pharmacie sur nous, et réussissons à arrêter le saignement, mais il faudra plusieurs jours avant d'être tranquille à ce niveau. Ce dernier soir, des sangliers rôdent autour de la tente, nous n'avons pas très bien dormi, mais nous ne leur en voulons pas, après tout, c'est nous qui sommes chez eux ! Traverser les Pyrénées n'aura finalement pas été aussi dur qu'on le pensait, on sentait moins le vent (heureusement). Le plus dur, c'était de retrouver les routes françaises et ses automobilistes peu respectueux des cyclistes... L'Espagne nous manque déjà !
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